Une école ouverte 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, sans professeurs, sans directeur et sans horaire précis. Aucun prérequis exigé, si ce n’est l’âge (18 à 30 ans), et un accès totalement gratuit. Mais de quel genre d’école parle-t-on? Eh bien, de celle du 21e siècle. Exit le système formel classique, inventé au 19e siècle pour accompagner la révolution industrielle. A l’ère de la révolution digitale et de l’intelligence artificielle, n’est-il pas temps de tout réinventer, afin de former celles et ceux qui seront au cœur des nouveaux bouleversements?
Au Maroc, l’école du futur a un nom, «1337». En langage de geeks, cela signifie «leet speak», autrement dit, langage de l’élite. Un endroit en dehors du temps et de l’espace, où les étudiants ont l’impression d’être ailleurs, et surtout pas à Khouribga. C’est dans cette ville, longtemps capitale du phosphate, que le groupe OCP a choisi d’ériger l’école révolutionnaire de codage informatique, inspirée du modèle de l’école 42 à Paris. C’est le groupe qui s’est rapproché de 42 pour importer le concept. «Nous disposons d’un partenariat pédagogique et nous utilisons les mêmes standards. Chaque année, nous payons une licence pédagogique», relève Larbi El Hilali, responsable du projet.
Pour quelle raison Khouribga? «Et pourquoi pas», dirait le management de l’école. Le groupe, dans le cadre de sa stratégie RSE, a décidé de créer des écosystèmes dans plusieurs régions, tirés par des locomotives. A Khouribga, ce sera 1337. Autour d’elle, des projets socioéconomiques seront lancés (espaces culturels, plateaux de bureaux, commerces…). Après le phosphate, la ville sera-t-elle à l’avenir la capitale du coding au Maroc?
Quelque 30.000 jeunes se sont inscrits sur le site de l’école, et près de 12.000 ont passé le test de présélection. Et surprise, l’examen n’a rien à voir avec l’informatique. «C’est plus un test de logique, de raisonnement et de mémoire qui dure deux heures et demie», explique Youssef Dahbi, jeune responsable pédagogique et technique, lui-même ingénieur informatique. «Le programme est d’ailleurs conçu pour les débutants qui n’ont jamais codé une ligne de leur vie. Nous commençons avec le b.a.-ba de l’informatique, et petit à petit, les projets deviennent plus complexes», poursuit-il.
Environ 4.000 ont été déclarés admissibles. 800 se sont déplacés pour un «check in» de l’école. Pour les inscriptions, premier arrivé, premier servi! Les 300 premiers inscrits (dont 13% de filles), venus de tout le Maroc, ont été acceptés pour un test de 4 semaines, appelé «piscine». Le nom est bien choisi. Pendant un mois, les candidats vivent une immersion dans le monde de l’école et du coding, et seuls les plus «résistants» et les plus doués seront retenus. Ceux qui sauront garder la tête hors de l’eau. En France, environ le tiers des candidats abandonne durant la phase piscine.
La première a démarré le 17 juillet dernier. Une deuxième est prévue le 26 août, avec un deuxième groupe de 300 jeunes. Au final, près de 150 étudiants seront acceptés pour une formation de 3 ans, qui débutera fin septembre prochain. «Mais tout dépend du rythme de chacun. Si un étudiant termine tous les niveaux avant ce délai, il peut décrocher son certificat», précise Youssef. Il existe au total 21 niveaux à réaliser. Si l’étudiant en effectue 14, il obtient un certificat junior. S’il en achève 21, il reçoit un certificat sénior.
La formation est entièrement gratuite. «Le groupe a tenu à offrir les mêmes chances de réussite à tout le monde. Le cursus restera gratuit», relève Larbi El Hilali. Durant cette période de «piscine», la restauration, concoctée par un nutritionniste, est également gracieusement offerte. Et il se pourrait bien qu’elle le reste pendant toute la durée de la formation. Dans un an et demi, il sera question de créer un incubateur d’entreprises, afin d’accompagner les jeunes développeurs tentés par l’entrepreneuriat.
Source: leconomiste.com