Chaque année, la rentrée scolaire concerne plus de 7 millions d’enfants et leurs familles. Système privé comme système public, du primaire au secondaire, la rentrée représente de fortes dépenses pour les ménages. Les fournitures scolaires représentent entre 700 et 3.500 DH selon le système et le niveau.
À notre grand désespoir, la rentrée scolaire est un moyen de souligner les disparités économiques présentes au sein du pays. En effet, d’un système à un autre, d’une famille à une autre, d’un enfant à un autre, les factures ressortent bien disparates. Ce fait s’explique par plusieurs raisons. Tout d’abord, il y a la différence de système dans lequel l’élève est inscrit puis peu importe le budget et le système, certaines familles privilégient la qualité face aux prix tandis que d’autres font l’inverse. Mais le dernier facteur plus implicite est le suivant : les options. En effet, plus un élève a de matières, plus la facture gonfle. Pour entrer dans les données chiffrées, «on considère qu’un élève au primaire dans une école publique coûte en moyenne 700 DH au total à ses parents (manuels et fournitures scolaires neufs) avec un prix moyen de 20 DH le manuel. Au collège, celui-ci reviendra à 1.000 DH avec un prix moyen de 50 DH le manuel. S’en suit enfin le lycée où l’on passe à 1.300 DH avec un prix moyen de 80 DH l'ouvrage. En ce qui concerne les écoles privées, sans surprise, celles-ci ont un coût plus important mais équivalent entre elles (AEFE, OSUI… ). Au primaire, on considère qu’un enfant revient en moyenne à 1.500 DH avec un prix moyen de 200 DH le manuel, pour passer ensuite à 2.800 DH au collège où le manuel peut aller jusqu’à 360 DH puis enfin 3.500 DH au lycée avec des manuels pouvant aller jusqu’à 500 DH», souligne un libraire à Casablanca. On peut remarquer que les budgets se compensent entre manuels et fournitures en fonction des niveaux scolaires. En effet, étant donné que les livres sont moins nombreux au primaire, les listes de fournitures peuvent quant à elles être assez pesantes. Évidemment pour réduire la facture, les familles se tournent vers les bouquinistes, les bourses aux livres (écoles de type mission). Parfois, les plus jeunes reprennent les livres de leurs aînés, quand le programme n’a pas changé entre temps. Pour les écoles publiques, il en sera de même à l’exception des bourses aux livres. Concernant l’achat des fournitures, à chaque famille ses habitudes, certaines privilégiant les grandes surfaces et achetant en quantités, ce qui permet de profiter des promotions et réductions tandis que d’autres vont en librairies et demandent au libraire de préparer la liste et de la respecter au crayon près. Il n’y a pas de concurrence entre ces différents commerçants, à chacun sa clientèle !
Comment expliquer ces prix ?
Tout d’abord, prenons le contexte historique. Le Maroc qui a été sous le protectorat français de 1912 à 1956 a vu son système éducatif changer en se calquant sur le modèle francophone. Ainsi, les élèves de ce système étudient donc sur des manuels français qui doivent par conséquent être importés. Une fois arrivés sur le territoire, ces livres sont distribués par des fournisseurs qui fixent les prix. Enfin, afin de faire vivre les éditeurs, chaque année un certain nombre de livres changent, ce qui signifie que l’on ne peut pas les acheter d’occasion. De plus, on note une augmentation annuelle de 5 DH sur ceux qui ne changent pas (sous décision du fournisseur encore une fois). En effet, un livre est donc soit de plus en plus cher chaque année ou bien il est changé et doit obligatoirement être acheté neuf. Ainsi une rentrée scolaire dans le système privé augmente d’année en année au grand dam des parents, victimes du diktat des fournisseurs. En revanche, dans le système public, le fournisseur a beaucoup moins de marges de manœuvre. Tout d’abord parce que les livres sont édités au Maroc mais aussi parce que l’État intervient dans la fixation des prix en contrôlant les fournisseurs. Ces manuels peuvent d’ailleurs même être vendus sur les marchés publics.
La meilleure saison pour les librairies
Du côté des librairies, la rentrée est la meilleure saison de l’année au niveau du chiffre d’affaires car il y a un autre problème, soulevé au cours de cette enquête (celui du culturel), au Maroc une librairie qui vend uniquement des livres de lecture aura du mal à survivre. Tout en essayant de favoriser l’entraide avec leurs clients, il est essentiel de savoir que même les librairies sont victimes des changements de manuels. En effet, si un stock n’a pas été écoulé et que le manuel n’est pas demandé par la suite, le libraire n’aura aussi que faire de son stock. Des alternatives telles que les grossistes ou le fournisseur qui les récupèrent sont certes possibles, mais que valent-elles économiquement pour le commerçant ? «Pas grand chose !», affirme ce libraire. Le livre étant indispensable, c’est là-dessus que tout est misé, contrairement aux fournitures. «Heureusement, nous n’en sommes pas encore arrivés aux trafics de manuels, même si on peut relever des groupages au niveau des associations de parents d’élèves dans le système privé qui se chargent d’importer eux-mêmes les livres. Cette opération s’inscrit dans le processus de fidélisation des parents afin de leur vendre par la suite des assurances», précise A.D, un parent d’élève et membre de l’une de ces associations. Afin de minimiser les dépenses, la technique la plus utilisée par les familles est tout simplement d’acheter l’essentiel et d'attendre la rentrée pour compléter la liste demandée par les établissements scolaires. La disponibilité des livres n’éstt pas une contrainte poussant à l’achat car les commandes sont constamment passées auprès des libraires afin que chaque élève puisse avoir tous ses manuels.
Source: leseco.ma